Rencontre

Philippe Croizon, sans bras ni jambes, a traversé la Manche le 18 septembre dernier ? Les médias ont rapporté ce fait exceptionnel d'un handicapé des quatre membres reliant Douvres au Cap Gris Nez en 13 h et 23 minutes, soit une distance de plus de 36 km.

C'est sans détour et sans a priori que Philippe Croizon est venu témoigner au collège Saint-Joseph, devant les 4 e et 3 e , ce jeudi 21 octobre. Il met tout de suite à l'aise : il commence par faire une démonstration du maniement de ses prothèses avec jambes articulées et mains électriques tant pour le mouvement de la rotation des bras que de la préhension entre le pouce et l'index.

C'est par une séquence vidéo suivie d'un diaporama qu'il a relaté son exploit de traverser la Manche. « Ce défi me hantait depuis 1 994, sur mon lit d'hôpital, après avoir su que j'allais être amputé des quatre membres suite à une électrocution due à une antenne TV. En voyant un reportage d'une jeune femme traversant la Manche, je me suis dit pourquoi je ne pourrai pas à mon tour réalisé cet exploit. J'ai mis près de 16 ans à concrétiser ce rêve mais je l'ai fait aujourd'hui ».

Deux ans d'entrainement

Il a expliqué aux élèves les entraînements subis pour en arriver là : cela a duré deux ans avec environ 35 heures de natation par semaine (piscine, étang et mer) et une perte de 12 kg de poids en graisse remplacés par de la masse musculaire.

D'autres défis attendent Philippe Croizon comme la traversée du détroit de Gibraltar ou à plus long terme le projet de relier les cinq continents. Un autre défi un peu fou germe en lui avec la traversée de l'Atlantique en ballon dirigeable mu par l'énergie solaire, ce que personne n'a tenté jusqu'à présent.

Philippe Croizon a écrit un livre voici quatre ans intitulé « J'ai décidé de vivre » et sur Youtube, une vidéo « le jour qui a changé ma vie ». En guise de conclusion, Philippe Croizon s'est voulu à la fois réaliste et pédagogique : « Le handicap ne me domine pas, c'est moi qui le domine et il est mon identité. En intervenant dans les médias ou auprès de jeunes comme aujourd'hui, je veux montrer que le handicap n'est pas insurmontable et je veux arriver à changer le regard des gens envers les personnes souffrant d'un handicap quelconque ».

Appréciée par tous, Patrick Guillemot, directeur, déclarait : « Tu as toujours fait preuve de conscience professionnelle tant au niveau de la ponctualité  que celui de l'attention à l'écoute des élèves. Tu avais l'art d'être au bon endroit afin de prévenir d'éventuels conflits ».